samedi 31 août 2013

La pluie

Nous sommes bien arrivés, bien installés, le propriétaire a tellement devancé nos besoins que nous sommes presque dans un meublé. Mais commençons par le début.
Le visa : après avoir déjà versé près de 500 euros, jeudi soir au moment de récupérer le précieux document, une demi-heure avant la fermeture du service des visas, M. m'appelle en panique : elle n'a pas son porte monnaie (elle a changé de sac pour aller rencontrer l'ambassadeur de France à Moscou en conférence à Paris, quand même !) et on lui demande encore 300 euros. Le billet d'avion, lui, a été imprimé, décollage à 7h30 le lendemain matin. Je m'apprête donc à foncer rue de Ponthieu -mais j'ai vendu le scooter, mon vélo est chez ma belle-maman, la voiture est partie chez une voisine, le plus sûr est de prendre le métro mais une demi-heure déjà entamée suffira t-elle à superman à réaliser l'impossible ?- et le téléphone sonne à nouveau ; devant l'affolement le service des visas, dans sa bonne grâce, accepte mais de façon tout à fait exceptionnelle (vous ne le répéterez pas), un chèque (d'ordinaire c'est CB ou liquide) !
Cool, je peux reprendre l'écriture des dernières consignes aux locataires, aux voisins et amis qui vont récupérer notre courrier, signer le bail à notre place, arroser le jardin, vider les poubelles. C'est vraiment un voyage d'équipe, il faudra que je pense, dans le générique de fin, à remercier nominativement toutes les bonnes volontés.
Réveil à 4h15 pour le grand départ. A 5h, pas de taxi alors qu'ils sont toujours en avance à la G7. Appel... le chauffeur a oublié de se réveiller ! Cinq heures trente passées, on part enfin. Galère (comme dirait Daphné) pour récupérer électroniquement les cartes d'embarquement, on ne peut pas se placer les uns à côté des autres, on a quatre billets distincts. Un ange passe. Ce n'est pas une hôtesse de l'air, c'est un monsieur fort aimable qui, avec son écran magique, a vite fait de redistribuer les cartes et les places. Ça continue à l'enregistrement des bagages, il nous faut ouvrir une valise et redistribuer les chaussettes car elle dépasse allègrement les 23 kilos max autorisés. Juste une petite tension de plus. 
Dernier appel pour le vol 1644 à destination de Moscou en porte K53.
On décolle, vol tranquille sur Air France avec petit-déj, à l'arrivée, des forêts, des villages, des forêts, une banlieue. C'est Paris avec moins d'habitations et plus de bois. La douane n'essaye même pas d'ouvrir nos valises, ouf.
Un grand taxi était commandé pour nous à l'arrivée (comment ferait-on sans Rita ?) mais personne ne nous attend. Pas facile de caser 5 personnes, 5 grosses valises et 5 valises de cabines. Heureusement, pas de souci avec le portable Orange, quelques appels téléphoniques, une attente qui ne nous fait plus aucun effet, et en route pour oulitsa Pokrovka !
Beaucoup d'énormes affiches de voitures de luxe, de voyages -on se croirait à Las Vegas si ce n'était ce ciel gris que l'on nous avait décrit-, circulation relativement fluide. Quelques immeubles de banlieues gris et tristes mais surtout plein de pub que je n'arrive pas à déchiffrer même en tournant la tête à la vitesse de la voiture (plutôt du camion, c'est un 9 places). Enfin la ville, des rues toujours très larges, le Kremlin à quelques pas alors qu'on a toujours l'impression d'être sur l'autoroute. Du monde sur les trottoirs, ville vivante, agréable à première vue (rien à voir avec les photos vides de Google Maps) et c'est déjà chez nous. Échafaudage, ils refont la façade !
Le propriétaire nous accueille, chacun repère son territoire, ça plaît à tout le monde. Génial. M. est soulagée, c'est plus sympa que sur les photos. Et il y a des lits, des bureaux pour les enfants, des draps, des couettes, des assiettes, des fourchettes et des pâtes.
Je fais un saut au mini-market en face (ouvert 24/24 et pas cher), on casse la graine, les filles ont déjà repéré des meubles dans le grenier,100% Ikea mais peu importe, même Daphné court dans tous les coins, excitée comme nous tous. Il y a des jeux d'enfants dans le grenier ! La pluie fine commence à tomber, on est crevé, il est déjà tard. Dodo.
La dernière fille se lève à 13h passées, on range, on mange, on range, il pleut très fort, on range. C'est déjà la nuit. On sort quand même. Les rues sont inondées, on se fait tremper par les voitures qui ne prêtent aucune attention aux piétons mais on va jusqu'à l'école française. On se perd, on retrouve le chemin. On est passé par les souterrains reliant les métros et les deux côtés des places ou avenues, il y a un peu de mendicité et de tags mais on a surtout vu de grands anciens bâtiments décrépits pourtant toujours très beaux. En comparaison je pense à Cuba où je ne suis jamais allé. Vu le problème d'écoulement de l'eau de pluie, ça promet pour la fonte des neiges. 
Demain c'est décidé, on se lèvera plus tôt.
 
Dojd, la pluie

jeudi 29 août 2013

Jour J - 1


Les déménageurs sont passés comme prévu -enfin façon de parler car nous n'avions aucune confirmation écrite- lundi et mardi, le siège du consulat avec un appel décisif au Ministère des Affaires Étrangères russe -merci Rita- a permis de débloquer le visa -nous devrions l'avoir cet après-midi-, les billets ont été imprimés -merci Benoit-, il nous reste à rendre les couvertures -merci Françoise- et à remballer la Freebox, la déposer à un relais Kiala et envoyer le recommandé. 
Après, plus de son plus d'image jusqu'à notre installation oulitsa Pokrovka. Dès que le réseau le permettra et que les fonctions vitales de la maisonnée seront assurées, je reviens. Rendez-vous ici, au même endroit !

vendredi 23 août 2013

Fromage, Noisy-Le-Grand

Noisy-Le-Grand parce que c'est aujourd'hui mon dernier jour de travail dans cette ville avant mon départ pour Moscou. Sept années au Ministère des Finances à quelques pas de ces créations architecturales rappelant par certains côtés des palais-blockhaus soviétiques. Une pensée pour tous ceux que j'abandonne là-bas...
Pas de quoi en faire un fromage me direz-vous. Mais si justement, car Noisy est la ville aux deux camemberts. Certes, urbanistiquement parlant, j'aurais pu me contenter de l'appellation "Arènes de Picasso" puisque c'est le nom du lieu mais c'était un peu trop facile de m'appuyer sur le maître. 
Pour que tout le monde s'y reconnaisse j'aurais aussi pu traduire phonétiquement Camembert mais je voulais un mot qui puisse enrichir mon vocabulaire russe quotidien et je ne pense pas que le fromage normand soit très répandu du côté de l'Oural.
Donc fromage. D'abord parce qu'ils sont presque tous ronds avant d'être coupés en tranche et ensuite parce que la deuxième lettre de ce mot est la plus grande énigme de la langue russe pour un francophone.
Le "ы" est un son qui n'existe pas dans notre langue. Ce n'est pas un i, le i c'est "и". Ce n'est pas "у", ça c'est "ou". Ce n'est pas non plus ce petit "ь" qui ne se prononce jamais seul et qui mouille les consonnes pour qu'elles se terminent par un petit "ye", comme la vague qui s'échoue en caresse sur le sable. Non, le "ы" ce serait plutôt un "ui" profond, un i du fond de la gorge.
Le russe aime beaucoup le i, "я" c'est "ya", "е" c'est "yé", "ё" c'est "yo", "й" c'est  "ye", sans oublier "ю" le "iou", "щ" le "chchi", le i est partout. Ce n'est pas pour rien que russe s'écrit "русский".
Alors dans tout ceci, le "ы" se distingue : c'est i-Le-Grand !

mercredi 7 août 2013

Biblio-graphie

Il y a des mots comme ça, quand vous les voyez -en cyrillique puisque c'est le russe qui me préoccupe-, vous vous dites "Ouah, la classe !".
Vous le déchiffrez, celui-là en particulier, et étonnamment il prend sens : b-i-b-l-i-o-g-r-a-f-i-ia
Évidemment ce sens lui enlève rapidement sa magie mais c'est tant mieux car alors j'ai besoin d'un nouveau mot -en cyrillique puisque c'est le russe qui me préoccupe- pour continuer d'avancer vers ce pays-continent aux 9 fuseaux horaires !
Hier, nous avons Muriel et moi, fait une rencontre peu commune. A deux pas de chez nous en France, dans l'appartement de son épouse, nous avons pris l’apéro avec le propriétaire de... notre appart de Moscou ! Le monde est petit mais encore plus petit qu'on ne le croit : ils ont 3 enfants des mêmes âges que les nôtres et partent s'installer à côté de Toulouse, ville si l'en est avec qui nous avons des contacts puisque nous y avons des amis et de la famille et je que je travaille tous les jours avec une équipe de plusieurs dizaines de Toulousains !
Cet homme charmant parle le français avec un fort accent russe, a fait les aménagements que nous souhaitions dans son appartement et, avec son épouse, nous ont donné des adresses et des contacts sur place. Les chouquettes, c'est juste en bas de la maison et elles sont excellentes :-). Il nous propose, cerise sur le gâteau, de nous remonter des affaires dans ses 2 grosses valises presque vides, lors de sont retour en Russie dans 15 jours. Nous en avons bien besoin car il y a toujours un risque que notre camion de déménagement soit bloqué plusieurs semaines en douane et nous ne pourrons avoir que 23 kg chacun dans l'avion d'Air France du 28 août 2013 Paris-Moscou (concrètement nous n'avons encore ni visa ni billet).
Ce sont donc des nouvelles rassurantes qui vont limiter nos tracas et inquiétudes alors que nous sommes jusqu'au cou dans le tri des livres et autres objets recouvrant les étagères de Malak. Mais les déménageurs ne veulent pas de bibliographie, ils veulent un inventaire !

vendredi 2 août 2013

Dom

Sur la route de Malakoff, escale à Dijon. Mes parents sont sur le point de déménager. Ce n'est pas une obsession familiale, cela fait 35 ans que cela ne leur ait pas arrivé. Le thème de la maison s'impose, le sépia aussi puisque c'est une tranche de mon passé qui s'estompe.

Dom, la maison en russe.
Sitôt de retour à Malakoff, valise pour les colos des trois filles et tris des chambres pour jeter, donner, trier. Achat des fournitures pour l'école de Moscou. Il y a au moins 15 kilos de livres et nous n'avons encore aucun cahier. Nous ne pourrons pas tout prendre dans les valises et la rentrée se fera sans toutes les fournitures demandées puisqu'il faudra attendre plusieurs semaines les déménageurs.
Toujours aucune nouvelle des visas, nous espérons partir le 28 août après que les déménageurs soient passés le 26. C'est ric-rac.
Bonne nouvelle côté travaux : le peintre a fini salon, salle à manger et cuisine pendant notre absence. C'est tout propre, tout neuf.