mercredi 27 novembre 2013

Les fleurs

Les magasins les plus répandus sont les magasins de chaussures (j'y reviendrai), les pharmacies, les bars, les banques et les fleuristes. Ts-v-ié-t-i : tsviéti ! Les Russes adorent offrir des fleurs et ce n'est pas rare de voir circuler sur les trottoirs ou dans le métro des gens avec un bouquet. Par contre, pas de caddies ni de sac pour les courses ; à croire qu'il font tous leurs achats en voiture. Je suis un extra-terrestre avec mon caddie. Je l'ai emporté même si je n'ai pas le vélo derrière lequel l'attacher. Là où j'ai souffert le plus, c'est pour remonter des magasins en sous-sols et pour finir, grimper nos deux étages sans ascenseur. Les vélos ici n'ont pas le beau rôle. Il y en a très très peu et il n'y a pas de voies réservées. L'installation de vélos en libre-service gratuit pour les moscovites n'a rien changé.


Cette faculté d'offrir un peu de nature et de couleur dans la capitale -je suis revenu aux fleurs-, est très sympathique. D'ailleurs les Russes n'ont rien d'antipathique, bien au contraire. Et je me dois de corriger ce portrait négatif que l'on m'a peint trop souvent. Ils ne sont pas agressifs dans les transports, ne vous bousculent pas, ne vous jettent pas la porte dans la figure. Au contraire, ils vous la retiennent et cela au moins aussi souvent qu'à Paris (de plus les portes d'entrée et de sortie des métros sont extrêmement lourdes). Le Russe est très discipliné. L'entrée, c'est l'entrée (en vert), la sortie, c'est la sortie (en rouge). Sur les escalators, on se met systématiquement à droite pour laisser les fous passer à gauche. Les fous car c'est épuisant de monter les hautes marches des escalators pour parcourir les 70 mètres de dénivelé entre le fond et la surface. J'ai testé pour vous, ça donne des palpitations quand on arrive au bout. Et on ne s'arrête pas en route s'il n'y a pas de place pour se rabattre sur la droite, on grimpe ! Parfois seulement, le contrôleur se trouvant dans sa guitoune au bas de chaque escalator, avec ses écrans de surveillance comme complément d'information, autorise l'utilisation à tous de la partie gauche de l'escalator pour décongestionner le bouchon de voyageurs. C'est étonnant de voir ces queues en bas des escalators alors que la moitié de l'escalier roulant qui monte est vide.
Je n'ai jamais vu non plus personne agresser ou avoir un mot violent comme cela ce voit très fréquemment dans la région francilienne. Jamais de bandes louches qui vous font serrer votre sac à main ou votre ordinateur (moi je n'ai plus d'ordi portable alors je suis tranquille). Au contraire, beaucoup utilisent ostensiblement et avec un grand naturel, des tablettes tactiles sans avoir le moindre doute sur l'absence de vol à l'arraché. Ça fait rêver, moi qui ai tant soupé du métro et du RER parisien avant de chevaucher mon cher MP3 Piaggio. Il n'y a pas de vélo ni aucun autre 2 roues d'ailleurs dans les roues de Moscou (pour rétablir la vérité, j'ai dû voir un scooter, un MP3, 2 motos, un roller et un skateboard).
S'il y a beaucoup de tablettes tactiles dans le métro, les cafés, que les accès se font sans identification même dans les aéroports, c'est que l'accès internet est gratuit, ça ne ce conçoit pas autrement. Je parle de Moscou pour l'instant, je ne suis pas encore allé à Vladivostok.
Hallucinant également : aucune fraude à l'entrée du métro. Ici les barrières sont ouvertes mais se referment violemment sur vos jambes si vous omettez de présenter votre badge à la machine (c'est Daphné qui a testé car on peut utiliser le même ticket pour plusieurs personnes mais il faut attendre 2 secondes entre chaque passage). Je n'ai jamais vu un autre cas de barrière se refermant. Pas besoin ici de faire glisser votre ticket dans un interstice réservé à cet usage. En courant ou en sautant on pourrait facilement contourner cette douane. Mais... il y a le douanier ! A chaque entrée, au même niveau que ces barrières ouvertes, il y a une guitoune en verre (la même qu'en bas des escalators) avec un autre gardien. Et il n'est jamais seul, il y a toujours 2 ou 3 policiers ou agents de sécurité qui trainent dans le même secteur. Donc à Moscou, il n'y a jamais de contrôle de billet car personne ne fraude. On jette son ticket dans la poubelle dès que l'on a passé la barrière s'il n'est plus valable (mais ils peuvent être réutilisés jusqu'à 60 fois si l'on a mis le prix !). Vous voyez la mentalité, on est loin de la France ! Si ça peut rassurer ceux qui croyaient que l'on s'était jeté dans la gueule du loup... Il y a toujours beaucoup de loup en Russie, c'est vrai ; et d'ours aussi mais pas à Moscou. Il y a quarante ans, on pouvait apercevoir des loups à la lisière de la ville.
On m'avait dit aussi, ou j'avais lu, que je me devais de tenir la porte aux dames afin d'honorer la galanterie française. Mais ils font bien plus que cela, les russes dans le métro ! Bien souvent ils se lèvent pour laisser leur place assise aux femmes alors que chez nous on se contente de tant de bonté dans des cas spéciaux très limités (personne âgée, handicapé, femme enceinte). Et mes flatteries ne sont pas terminées ! Le plus stupéfiant, c'est la propreté du métro, de ses couloirs et des rues. D'accord il y a beaucoup de main d’œuvre partout mais je n'ai jamais vu une cannette au sol ou un paquet de cigarette. Et jamais d'odeurs nauséabondes dans le métro. Chapeau !
"Tu verras, ils crachent partout, c'est dégoûtant !". Je ne sais pas où ils ont vu ça mais à part des cas isolés, que l'on ne peut éviter quels que soient la culture, le civisme et la discipline inculqués, c'est inexact ! S'il n'y avait les voitures qui vrombissent, les murs délabrés et les rues défoncées, ça pourrait faire penser à la Suisse en beaucoup plus grand et plus vivant (tout de même) et sans les montagnes. Il y a même les fleurs !
Mais je ne vous parle pas de politique, je vous parle de quotidien ! Vous en faites, vous, de la politique ?

lundi 18 novembre 2013

Magasins

On prononce magazine mais il s'agit bien des magasins "магазин". D'ailleurs en Russie le magazine, c'est journal "журнал" et le journal se dit gazeta, "газета".
Le magasin a ici une forme qui peut être très spéciale. Il peut être en sous-sol, il peut être à l'étage (d'un immeuble, pas dans un centre commercial) et quand il a une vitrine, celle-ci ne montre pas toujours les produits que l'on peut trouver à l'intérieur. Les ouvertures sont à l'origine, non pas en double vitrage mais en double fenêtre avec 20 centimètre entre chaque ; tout est fait pour l'isolation et non pour la présentation vers l'extérieur. On peut voir par exemple d'immenses affiches sur une vitrine représentant vaguement des produits alimentaires et il y a fort à parier que la petite porte, qui est trois mètres avant, donne accès à un supermarché. Mais tant qu'on n'a pas poussé la porte, on n'est sûr de rien.
Le bouquet, ce sont les grandes librairies : de grandes vitrines avec des tentures vieillottes ne laissant rien voir de l'intérieur et devant, visible coté rue, non pas des piles de livres mais des décorations bidons qui ne font ni envie ni penser à des produits culturels.
L'enfer quand nous sommes allés avec Daphné à la pêche dans tout Moscou pour dénicher les librairies dites françaises car elles vendaient des feuilles grands carreaux, ce n'est pas le trajet en métro, c'est de trouver le magasin. Nous n'avons jamais trouvé de feuilles grands carreaux ni la plupart des adresses alors qu'on trouvait toujours la rue, c'est fort !
Il faut dire que la numération des maisons est particulière. Ici on numérote un bâtiment et non pas une porte. Un bâtiment de 50 mètres de long avec plusieurs portes sur plusieurs rues va avoir un seul numéro. Nous avons vu une fois, l'une en face de l'autre, dans ce que nous appellerions nous autres une même rue -une chaussée avec un trottoir de part et d'autre-, deux plaques avec un nom de rue différent. La rue était trop large pour que je photographie la scène.
Encore dernièrement, quand je me suis rendu à "Леруа Мерлен" (Lieroua Mierline) : j'ai  trouvé rapidement la rue d'un coté du métro, un immense bâtiment en pierres portant le numéro 12 -de mémoire-, plusieurs portes sans vitrine avec des enseignes -on ne sait pas si ce sont des bureaux ou des magasins- et au bout de ce bâtiment, un léger virage mais aucun autre bâtiment portant le même nom de rue. Évidemment j'étais au delà de ma carte. Retour au métro mais de l'autre coté, c'est un énorme boulevard, perpendiculaire. J'emprunte donc le passage souterrain (il y en a partout, ils sont propres, pleins de boutiques et sûrs car en haut, les voitures sont les reines de l'asphaltes et on ne joue pas avec elles, j'y reviendrai une autre fois).
Et miracle, dans l'alignement de la rue que j'avais empruntée, un boulevard d'une tout autre dimension mais portant le même nom ! J'étais près à abandonner après plus d'une demi-heure de marche et je trouve enfin le 2ème numéro de la même rue ! Et encore une demi-heure pour l'entrée piéton se trouvant évidemment à l’opposé d'une série de bâtiments. Mais ça, c'est comme partout, les grands centre commerciaux, quand on ne les fréquente pas régulièrement, on y perd beaucoup de temps. Et j'ai trouvé la mèche spéciale céramique pour poser l'armoire de toilette sans risquer de fendre les beaux et grands carreaux de la salle de bain. Et pendant que j'y étais, j'ai acheté un onduleur car nous avons régulièrement des coupures d'électricités (j'y reviendrai aussi une autre fois) et j'ai peur pour nos disques durs professionnels comme personnels. Je ne travaille pas mais je fais de l'assistance et du conseil informatique bénévole.
Mais je m'égare -c'est à cause du plan de circulation russe- car le sujet est le magasin et ce n'est pas terminé. Car il y a des exceptions et vous le voyez bien sur la photo ci-dessus -et vous le verrez encore mieux sur les photos plein format (dans l'album Séjour en Russie dont vous avez bien entendu enregistré le lien) car il y a partout des mini boutiques spécialisées. Ici, les fruits, les cigarettes, le pain, les collants mais ça peut-être les journaux. Tout ça dans l'esprit kiosque qui est en France l'apanage de la presse. Et on en trouve sur le bord des grandes artères et dans la plupart des grands souterrains sous les boulevards ou aux abords des métros. Ça fait un petit réseau sous-terrain pas désagréable en cas d'intempérie et plutôt bon marché ; surtout si on le compare au luxe de certaines boutiques du centre-ville qui annoncent de grandes marques occidentales et osent aussi parfois des vitrines à l'occidental. Je considère que je suis en orient bien qu'à l'ouest de l'Oural, vous ne m'en voulez pas ?
Et comme il n'est pas toujours facile de comprendre quels sont les boutiques et les  restaurants qui nous entourent, on utilise le guide de Moscou Accueil, une association qui donne plein de tuyaux aux français débarquant dans la capitale. Ça m'a permis de trouver un magasin de chaussure, sans aucune vitrine, sans affiche, en sous-sol d'une ambassade.
C'est fou non ? Et c'est pour la prochaine fois...

lundi 11 novembre 2013

Médvièd

De retour de Yaroslav, nous avons repris le chemin de l'école. Le plus agréable a été, non pas tant de voir la pluie sur la Volga -car quand on était au bord de l'eau, il ne pleuvait plus ou pas encore- mais de ne plus avoir à faire les courses, la cuisine, la vaisselle enfin vous connaissez. Donc c'était des vacances. Nous avons même profité d'une guide francophone quelques heures qui nous a permis de vivre l'histoire de cette ville importante pour la Russie. Pour les photos, il va falloir patienter un peu encore, je ne vais pas m'étendre sur le nouvel incident de carte mère rencontré. Quoi, vous voulez des détails ? 
En quelques mots -comme vous insistez- j'avais acheté de la mémoire en France pour le компьютер (vous connaissez maintenant) de Garance et pour le mien mais sur ce dernier ça a entraîné des arrêts inopinés systématiques. J'ai utilisé mes outils de geek pour analyser la mémoire ; le 4ème test, il n'a pas aimé ; plus aucun bip au démarrage, silence radio. Yaroslav, terminus, tout le monde descend. Oui c'était bien mon PC récupéré dans le déménagement. Pour le portable, j'attends toujours le sauveur qui dégotera un 2,5 pouces IDE (aujourd'hui on ne trouve plus que du SATA). Mais j'ai pris rendez-vous avec le père-noël, sait-on jamais.
Le blason de Yaroslav c'est un ours sur ses pattes de derrière tenant une hallebarde. L'ours est un symbole fort en Russie, il me parait donc incontournable de connaître ce mot. Et c'est le mot du jour : медведь ou Médvièd pour ceux qui ont encore du mal avec l'alphabet de Cyrille. Cela signifie celui qui mange le miel, vous vous souvenez мёд ? Moi ça me fait penser au premier ministre russe Medvedev, pourtant pas de nature agressive, plutôt genre Michka (ours en peluche) s'il n'y avait toujours son président dans l'ombre (vous pouvez voir que le D n'est pas toujours д, il peut être aussi д ou même plus généralement g dans sa forme minuscule ; le д n'est pas enseigné, c'est une vieille forme qui persiste mais qui est plus parlante pour nous autres francophones car très proche du d) :

Sinon notre vie récente a été marquée par une tragédie, je ne peux le taire même si tous les médias en ont parlé. Muriel et elle étaient proches, plus de vingt ans de travail côte à côte en particulier sur l'Afrique. Elle c'est Dupont avec un T. Ghislaine. Elle avait rapporté un souvenir aux enfants de la corne de l'Afrique. Muriel a fait un saut de 48h à Paris pour la cérémonie, ça a été essentiel pour partager le drame avec tous ses collègues car c'était insoutenable à vivre seule ici. Une grande professionnelle avec beaucoup d'humour, très sympathique. D'autant plus terrible pour nous que nous avons des liens particuliers avec la région du drame. Drame pour les africains francophones aussi qui ont une relation très forte à RFI, relation que l'on ne soupçonne pas quand on ne les pas entendu parler de cette radio. Pour ceux qui ne connaissent ni cette grande radio ni cette grande journaliste, mieux vaut trop tard que jamais :  
http://www.rfi.fr/