vendredi 23 juin 2017

Musique russe contemporaine

Tout mêne à tout et réciproquement. Le voyage et l'informatique m'ont amené naturellement au blog et le blog naturellement à la photographie qui me passionne depuis que j'ai découvert sa version contemporaine, il y a de cela bien longtemps déjà.
Mais ce qui était moins évident dans l'enchaînement des choses, c'est qu'exposer mes photos à Moscou avec la coopérative d'artistes peintres russes - en majorité - et d'artistes français "MosKoop", c'est que je rencontrerais Nikolaï Ovtchinnikov. Et il n'est pas seulement le grand peintre que l'on connait - quand on s'intéresse à l'art russe contemporain - mais il est aussi un musicien des plus moderne dont la musique s'invente et se regénère d'elle-même à chaque fois car elle est basée sur des instruments électroniques interractifs intégrant des fonctions aléatoires. On rejoint l'informatique et surtout la musique des années 80 que j'ai pratiquée lors de la mise à portée du grand public des boites à rhytmes, synthétiseurs et échantillonneurs. L'excés d'électronique, de programmation et de musique contemporaine (je garde cependant un excellent souvenir du Marteau sans maître de Boulez et de la musique répétitive de Steve Reich) me fera plus tard basculer vers la musique acoustique et improvisée, le plus loin possible de l'ordinateur et de sa rigueur inhumaine. Et les rencontres heureuses de la vie me permirent de découvrir et d'intégrer un groupe de musique klezmer à Malakoff, dans lequel je fut appécié en tant qu'improvisateur, ce qui ne fut jamais le cas dans les écoles de jazz que j'ai pu fréquenter. Et ce fut le départ en Russie et l'arrêt progressif de mes pratiques musicales, au profit de la photographie.

Alors a pu s'opérer la magie. La musique de Nikolaï et de Vova (car ils sont 2 derrière leurs machines) m'a rappelé celle de Pavillon 7B et ma connaissance de l'improvisation m'a encouragé à leur faire part de mon intérêt d'intégrer ma clarinette basse dans leur ensemble. Leur gentillesse et leur ouverture d'esprit a fait le reste. J'étais invité dès le concert suivant à jouer avec eux. Je voulais de l'improvisation, j'allais être servi. Sans répétition, je plongeai dans le grand bain, au plaisir de tous. Je les remercie de leurs encouragements immédiats. Notre collaboration ne s'arrête plus depuis. Cerise sur le gâteau, une photographe française qui expose aussi avec MosKoop - Laure Debrosse - jouait déjà avec cette formation électronique, d'un instrument inhabituel. Je connaissais au cinéma, dans le superbe film Delicatessen de Jeunet et Caro, entre les mains du génial Dominique Pinon, mais sur une scène, je crois bien que je n'avais jamais vu de scie musicale. La douceur de sa sonorité et de ses vibrations se marie très bien avec l'ensemble. C'est un instrument très subtile qu'il faut se garder de juger trop rapidement.
Notre formation appelée "ERRARE HUMANUM EST" a participé cette année 2017, en juin, à un festival international dont c'était la 16ème édition : "Шум и ярость", en anglais "Noise and fury" avec le sous-titre "extreme experimental music festival" dans un des lieux les plus intéressants à Moscou : "Дом" (Dom) connu depuis plus de 15 ans pour son ouverture et sa créativité vers les musiques nouvelles, jazz ou musiques du monde.


Je trouvais tout cela extraordinaire mais ce n'était pas terminé. Vova Terex est aussi bassiste et chanteur dans une autre formation, sans électronique cette fois. Comme le premier groupe dans lequel j'ai joué au sortir du lycée. Guitare, basse, batterie, clavier. Mais j'étais derrière le clavier à l'époque. Et Vova de me proposer de jouer avec eux, en particulier sur un morceau d'une vingtaine de minutes où je serais libre d'improviser. De répétition non plus il n'y aura pas. Le batteur me glissera toutefois à l'oreille le nom d'une gamme, merci Rafa, ce n'était pourtant pas lui le plus concerné. J'ai pu jouer dans deux bars différents avec cette formation, des lieux underground que je découvrais enfin. Et un ami français vivant depuis longtemps à Moscou, de me dire quelle chance extraordinaire j'avais de jouer avec des musiciens ayant fait partie d'un groupe mytique en Russie : Zvuki Mu ! Ah bon ? Non, je ne connais pas (la honte). C'est cool ! L'amitié et la fraternité qui est née de ces rencontres est incroyable. C'est quelques semaines seulement avant de quitter la Russie que je découvre une nouvelle facette du gigantesque kaléidoscope russe. Mieux vaut tard que jamais, sans regrets, cela ne pouvait être autrement. La porte vers la Russie demeure ainsi grande ouverte pour d'éventuels retours.